jeudi 9 juin 2016

le congé parental et le contrôle des naissances

Je retourne sur ma Colline au Congo, au moment de terminer la lecture et la méditation d’Amoris Laetitia de notre pape François.

«L’Évangile de la famille nourrit également ces germes qui attendent encore de mûrir et doit prendre soin des arbres qui se sont desséchés et qui ont besoin de ne pas être négligés » (Amoris laetitia 76)

Dans l’avion qui me conduit de Kinshasa à Kananga, la capitale de ma province, je lis la revue qui se trouve dans le porte-document devant moi.

Un article m’interpelle. Constatant que l’Afrique a le plus haut taux de mortalité d’enfants en bas âge, que les causes de ce fléau sont les accouchements rapprochés et l’absence de politique de régulation des naissances, le texte affirme qu’il n’en a pas toujours été ainsi. Il veut mettre en évidence la volonté de la culture ancestrale du Congo de contrôler la fécondité des familles et de limiter les naissances, au moyen d’une pratique appellée de différents noms suivant les ethnies mais ayant les mêmes traits et les mêmes buts.

Dans les petits clans précoloniaux, une femme qui mettait au monde un enfant était prise en charge entièrement par l’ensemble de la communauté pour tous ses besoins. Ecartée de sa case et de ses occupations habituelles de ménage, elle pouvait ainsi nourrir et s’occuper exclusivement du nouveau-né. On la gavait de nourriture pour que son lait soit fortifiant pour le bébé, et on leur donnait une huile spéciale destinée à éloigner moustiques et autres insectes porteurs de maladies mortifères. Cette période durait entre 18 et 24 mois ! Un vrai congé maternité, intégré et assumé par toute la communauté.

Mais la conclusion est intéressante. Je cite :  Cette pratique « qui est toujours d’usage dans plusieurs tribus des deux Congo  ne peut se pratiquer raisonnablement que dans le contexte rural où les individus construisent et habitent en clan et aussi uniquement dans un contexte de polygamie, car il est impensable dans un contexte de monogamie de priver l’homme de sa femme 18 ou 24 mois durant. »
Cette conclusion, mise en relation avec la dynamique profonde que le Synode et l’Exhortation apostolique ont suscitée, ouvre un abîme de réflexions et de défis très divers.
Il est évident que la colonisation, l’urbanisation, la globalisation et l’évangélisation de l’Afrique ont des effets positifs sur le continent, l’autoflagellation des anciens coloniaux et missionnaires n’apportant rien de positif. Par contre il faut être lucide sur les effets pervers de celles-ci. Et être extrêmement inventifs pour sauvegarder et développer les intuitions des cultures locales tout en menant les couples et les familles vers leur épanouissement évangélique. « Prendre soin des arbres qui se sont desséchés et qui ont besoin de ne pas être négligés ».


PS : Je me demande si une telle réflexion ne peut pas être transposée, analogiquement, à la situation et aux défis des pays dits de l’Occident ?

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