dimanche 17 décembre 2017

Noël

En novembre, je rentrais en Suisse. A l’aéroport de Kananga (RDC), on m’installe au salon VIP pour m’éviter charitablement la cohue du check-in. Des fauteuils cossus et inconfortables occupent tout l’espace.

Dans un coin un écran plat diffuse la chaine télévisuelle nationale que presque personne ne regarde, car on y voit le président de la République ne pas dire ce que tout le monde attend, puis de la publicité pour des laits de beauté, puis de la promotion pour l’Education avec des salles de classe montées en studio car il n’y en a pas d’aussi belles sur tout le territoire national.

Bref de la propagande gouvernementale que personne n’écoute : ni l’économiste avec attaché-case qui téléphone à mes côtés,  ni la famille qui babille au coin autour de la grand-mère en partance, ni le pasteur évangélique qui caresse sa croix pectorale sur sa chemise violette épiscopalienne, ni la sœur missionnaire qui vient accompagner un prêtre ami qui retourne à la capitale.

Et puis tout à coup, un silence et une musique. Le grand air de la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak a mis tout le monde bouche bée devant l’écran. Une chorale du cru chante le refrain et un petit garçon débite admirablement la mélodie sur fond de Congo enchanteur !

On est au delà-de la propagande. Une source jaillit dans le désert de nos solitudes agglutinées, quand un enfant lance une mélodie tellement géniale qu’elle appartient à toute l’humanité.

Une sorte de parabole de Noël : un enfant et une musique pour fédérer toutes les solitudes.  



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