mercredi 14 mars 2018

Dieu au micro

J’ai mieux compris les problèmes de la parole chrétienne dans la société technologique l’autre matin à la messe dominicale. Une église de la ville voisine de ma Colline, ambiance africaine, chorale enthousiaste, jeunesse, cohue et affluence autour des 80 séminaristes du Grand Séminaire qui recevaient la soutane ou le ministère de lecteurs et d’acolytes. Tout était là pour bien célébrer. Sauf qu’il fallait aussi pouvoir écouter, accueillir une parole et entendre un commentaire autorisé : c’est l’Archevêque soi-même qui présidait...

Or l’Eglise locale manque de moyens et la sonorisation était particulièrement approximative. De jeunes techniciens – plus jeunes que techniciens – manipulaient et inter-changeaient quelques micros, appuyaient sur des boutons incertains et déplaçaient des fils piétinés. Le résultat était déplorable. Le son commençait en sourdine, puis se réglait plus ou moins, puis un effet Larsen déséquilibrait le tout, puis un moment de répit, puis des grésillements qui dégénéraient en vrombissements inexplicables, puis une trêve passable, puis une mort subite, puis une résurrection inopinée au milieu d’une phrase qui en devenait bancale. Et ainsi de suite pendant trois heures – on est en Afrique !

N’est-ce pas une parabole de l’audibilité de la Parole de Dieu dans notre monde ? Le trésor est là mais porté par un matériel fragile : les Chrétiens ! Dont les humeurs font sourdine, dont les incohérences de vie créent des grésillements agaçants, dont les querelles de clochers provoquent des effets Larsen, dont les scandales engendrent des surdités totales etc. etc.

Mais en fait le miracle reste entier : Dieu parle ! Et c’est déjà pas mal.



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