lundi 21 mai 2018

un grand classique


J’arrive au bout d’une épopée magnifique, d’une aventure extraordinaire, d’une odyssée hors du commun, dont je suis particulièrement fier : je viens de finir la lecture in extenso des MEMOIRES D’OUTRE-TOMBE  de CHÂTEAUBRIAND.

Je connaissais le monument par bribes. En éditions françaises (et surtout scolaires) il n’est la plupart du temps accessible qu’en extraits. Il fallait un peu de courage de se lancer sur cette face nord de la culture française, sans tricher, sans prendre de télécabine, sans se faire héliporté.

Je vous assure que cela vaut la peine. Châteaubriand est le témoin d’un temps parmi les plus cruciaux de l’aventure humaine : l’effondrement de l’Ancien Régime et le surgissement chaotique d’un Monde nouveau. Il porte sur ce temps son regard aiguisé mais poétique, lucide mais chaleureux, très engagé mais éminemment libre.

Je trouve dans ce grand frère chrétien, décomplexé dans une époque peu tendre pour les chrétiens, un modèle à admirer et à imiter... de loin... si tant est que ce soit possible. Notre époque, bouleversée et bouleversante a beaucoup de traits de la sienne. Comme j’aimerais avoir son regard, sa verve passionnée et sa distance dépassionnée.

Je lui rends ici hommage en citant deux phrases :

On s’endort au bruit des royaumes tombés pendant la nuit, et que l’on balaye chaque matin devant notre porte.
(Chateaubriand, Les Mémoires d’outre tombe, 3,10,11)

Et surtout l’adieu des dernières phrases :

Je vois les reflets d’une aurore dont je ne verrai jamais se lever le soleil. Il ne me reste qu’à m’asseoir au bord de ma fosse ; après quoi je descendrai hardiment, le crucifix à la main, dans l’éternité.

(Chateaubriand, Les Mémoires d’outre tombe, 4, 10, 9)

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